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Mon parcours dans l’enseignement —qui a débuté dans un cheval de Troie à l’Ihecs en 2012 avant de se poursuivre à l’Erg à partir de 2014— et plusieurs expériences de workshops menées dans des écoles d’art à Valence, Rennes et Bruxelles m’ont permis de commencer à esquisser ce que l’on pourrait considérer comme étant un projet d’enseignement. Je commencerai par énoncer brièvement ce que le cours propose de réinterroger, avant de décrire en quelques paragraphes ce qui a été mis en place durant l’année académique 2016-2017.
La communication visuelle est généralement perçue comme un domaine de spécialisation dans la conception de solutions pour la diffusion d’information et d’annonces. Elle est à la fois traversée par l’histoire de la création visuelle et celle des sciences de la communication et se trouve souvent directement soumise aux champs du marketing. Agissant à la fois sur la conception, l’émission et la réception des messages —signaux visuels— l’expertise des designers visera donc à augmenter l’efficacité de l’acte de diffusion et de manipulation. C’est cette conception des choses que le projet —qui se dessine à l’Erg depuis 2014-2015— tente de questionner en partant de la nécessité de re-situer nos fonctions, nos postures et actions par rapport à ce qui nous est contemporain. Que devient la fonction d’enseignant, de designer graphique, d’artiste dans une société de la norme, de la surveillance et de la communication? Car ce que cette conception dominante engage c’est l’idée d’une diffusion unilatérale d’un point vers un autre, orientée de telle façon, avec tels objectifs définis, telles réalisations et tels effets. Une pratique de la communication visuelle ne pourrait elle pas s’affranchir de ces fonctions et se penser en relation avec une volonté de transmission, non prise comme l’acte de faire passer une tradition —mais en tant que dispositif qui permet de transmettre un mouvement?
Le projet de l’atelier serait celui de tracer un territoire pour penser d’autres possibles et se distancier du caractère utilitaire et commercial assigné aux objets, scenarios et images du design. Ma proposition n’est donc pas celle d’enseigner un métier, car j’ignore quels seront les métiers de demain, ni même une discipline, car je préfère la conception d’un pratique qui préserve sa capacité à intégrer de nombreuses disciplines, une pratique d’indiscipliné, mais plutôt de développer de nouvelles potentialités avec les étudiants à partir d’une pensée de la relation, et aussi, parfois, de prendre du recul pour observer et apprendre à regarder les images, la surface du design et les maillages de relation desquels ces images émergent.
utiliser le design comme un mode de pensée.
utiliser les objets comme des transmetteurs.
développer un projet personnel. oser un acte indivuel de réappropriation.
définir une méthode de recherche.
pratiquer. la théorie est une pratique.
observer. restituer.
parler. se confronter.
L’atelier est divisé en 2 modules de recherche semestriels, ponctués par des exercices plus courts, des moments de présentations, de débats, de discussions et un travail collectif.
Les 2 modules visent à favoriser l’apprentissage d’une méthode de recherche et l’écriture d’un projet personnel. Plusieurs thématiques de recherche sont présentées (en 2016-2017: module 1: identité nationale comme phénomène géopolitique, territoire et question de l’archive à l’ère du numérique / module 2: forme de maillage à partir de parcours de lecture, l’identité et le grand récit européen – proposition d’une identité européenne postcoloniale). Chaque étudiant fait le choix de s’inscrire là où son désir de pratique le mène. Un modèle méthodologique divisé en plusieurs phases de l’observation à la restitution est partagé en début d’année. Toutes les 2 semaines, il est demandé d’accrocher et de présenter l’avancement du projet. Cet exercice d’accrochage régulier permet d’utiliser l’espace pour penser, se représenter l’état d’une recherche, d’un projet, tracer des relations, sortir les idées de la sphère intime pour les rendre publiques à l’atelier, prendre conscience de la dimension politique de tout acte de langage.
Ces 2 projets semestriels donnent lieu, d’une part à la définition d’une méthode de recherche et d’outils pour la prospection: interviews, photographie, dessin, collection, video, sons, écriture, documentation et d’autre part à la conception d’objets multiples. L’atelier favorise une démarche pluridisciplinaire et des propositions qui fonctionnent comme des systèmes ou des familles d’objets graphiques. Aucun support n’est privilégié.
Parallèlement à ces 2 modules, le travail collectif se forge à partir de plusieurs séances de présentation, lectures et débats où il s’agit, en groupe, de définir des dispositifs de prises de parole portant sur des questions liées à la recherche en art et en design, l’école, les enjeux liés au rassemblement écoles d’art et universités et les formes du doctorat en art et design. Ce travail évolue vers la tentative de création d’un espace dédié à la prise de parole et au disputatio dans l’école. La documentation de ce processus de travail collectif parfois difficile sert de base à la conception de travaux enfants: éditions témoins, base de données de lecture disponible en ligne, écrits, interventions dans le cadre des portes ouvertes de l’Erg. Mais surtout il permet de favoriser dans l’atelier l’émergence d’une pratique du dialogue et de la confrontation, des échanges et des collaborations; en somme un esprit d’atelier.
Cette année, 3 rencontres ont été organisées par les étudiants de l’atelier avec Hana Miletic, Loraine Further et BNA-BBOT.
à suivre.