Date:
13.06.2017

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Mon parcours dans l’enseignement —qui a débuté dans un cheval de Troie à l’Ihecs en 2012 avant de se poursuivre à l’Erg à partir de 2014— et plusieurs expériences de workshops menées dans des écoles d’art à Valence, Rennes et Bruxelles m’ont permis de commencer à esquisser ce que l’on pourrait considérer comme étant un projet d’enseignement. Je commencerai par énoncer brièvement ce que le cours propose de réinterroger, avant de décrire en quelques paragraphes ce qui a été mis en place durant l’année académique 2016-2017.

La communication visuelle est généralement perçue comme un domaine de spécialisation dans la conception de solutions pour la diffusion d’information et d’annonces. Elle est à la fois traversée par l’histoire de la création visuelle et celle des sciences de la communication et se trouve souvent directement soumise aux champs du marketing. Agissant à la fois sur la conception, l’émission et la réception des messages —signaux visuels— l’expertise des designers visera donc à augmenter l’efficacité de l’acte de diffusion et de manipulation. C’est cette conception des choses que le projet —qui se dessine à l’Erg depuis 2014-2015— tente de questionner en partant de la nécessité de re-situer nos fonctions, nos postures et actions par rapport à ce qui nous est contemporain. Que devient la fonction d’enseignant, de designer graphique, d’artiste dans une société de la norme, de la surveillance et de la communication? Car ce que cette conception dominante engage c’est l’idée d’une diffusion unilatérale d’un point vers un autre, orientée de telle façon, avec tels objectifs définis, telles réalisations et tels effets. Une pratique de la communication visuelle ne pourrait elle pas s’affranchir de ces fonctions et se penser en relation avec une volonté de transmission, non prise comme l’acte de faire passer une tradition —mais en tant que dispositif qui permet de transmettre un mouvement?

Le projet de l’atelier serait celui de tracer un territoire pour penser d’autres possibles et se distancier du caractère utilitaire et commercial assigné aux objets, scenarios et images du design. Ma proposition n’est donc pas celle d’enseigner un métier, car j’ignore quels seront les métiers de demain, ni même une discipline, car je préfère la conception d’un pratique qui préserve sa capacité à intégrer de nombreuses disciplines, une pratique d’indiscipliné, mais plutôt de développer de nouvelles potentialités avec les étudiants à partir d’une pensée de la relation, et aussi, parfois, de prendre du recul pour observer et apprendre à regarder les images, la surface du design et les maillages de relation desquels ces images émergent.

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